Le Cycle de Dune est une œuvre majeure de la science-fiction. Il est à la SF ce que Le Seigneur des Anneaux est à la fantasy.
Histoire :
Dune, le premier volume, pose les bases d'un univers paradoxal, un futur médiéval-fantastique jamais imaginé, et pour cause...
Herbert voit loin, si loin que l'imagination n'a plus de limites : les machines s'étant rebellées, une guerre sainte a ravagé l'univers connu jusqu'à l'éradication du dernier ordinateur capable d'imiter la pensée de ses créateurs.
En contrepartie, les humains ont entrepris de pousser leurs capacités jusqu'à des limites encore insoupçonnées. Les Mentats sont ainsi devenus des ordinateurs biologiques. Les Navigateurs de la Guilde spatiale ont pour leur part acquis la capacité de plier l'espace afin d'obtenir le monopole du voyage interstellaire. Et l'Ordre féminin du Bene Gesserit a même poussé l'art de la voyance et la maîtrise de la génétique jusqu'à entreprendre de créer un authentique Messie, capable d'exploiter tous les dons latents de l'espèce et même d'entrevoir tous les futurs possibles !
Mais cette civilisation, ayant régressée au modèle féodal, repose toute entière sur une richesse aussi précieuse et aussi rare que notre pétrole, qui se cache elle aussi dans le désert : l'Epice.
Sur l'aride planète Dune, unique source de l'Epice, règne en secret le peuple nomade Fremen, capable, dit-on, de chevaucher les Vers des Sables géants ! Eux aussi attentent leur Messie, qui mènera le Jihad contre l'Empire et les envahisseurs Harkonnens. Eux aussi ont un rêve, celui de rendre leur planète habitable.
Quand la noble famille Atréïde reçoit Dune en fief, son héritier Paul flaire le piège. Mais il est loin de se douter qu'il est la clé d'un plan renfermant d'autres plans, dans lequel toutes les factions ont commencé à miser bien avant sa naissance. Ou peut-être qu'au contraire, il ne le sait déjà que trop bien...
Serait-il le Kwisatz Haderach, le Messie arrivé une génération trop tôt ? Ou serait-il autre chose ? Quelque chose... d'imprévu ?
Car tout est fécond dans le plan... même ses défaillances !
Critique :
Herbert disait que le monde avait davantage besoin de généralistes que de spécialistes, et c'est sans doute la raison pour laquelle Dune a fasciné des générations de lecteurs. En mélangeant des disciplines comme l'écologie, la biologie, la génétique, la climatologie, la sémantique et la psychologie, en se basant sur des coutumes historiques et des rites anthropologiques, en intégrant des notions cycliques sur des périodes temps démesurées, il a façonné un univers riche, complexe, original et cohérent.
Mais il ne s'en tient pas là. Dune est un champ expérimental dans lequel se confrontent les notions de destin et de libre-arbitre, d'inné et d'acquis, au point que l'ouvrage tourne presque à l'œuvre existentielle ou philosophique.
Quel choix ferions-nous si nous pouvions voir le futur ? Le meilleur assurément. Ou plutôt le "moins pire"...
C'est l'essence du dilemme auquel se trouve confronté le héros, sans cesse tiraillé entre la fatalité de son destin et le pouvoir de choisir. Car quand on connait à l'avance toutes les destinées possibles, le choix restant n'est-il pas finalement illusoire ?
Dans Dune les prophéties annoncent l'avènement du Messie, et celui-ci utilise les prophéties pour s'imposer comme tel. C'est l'énigme des origines, de l'œuf ou de la poule... qui a engendré l'autre en premier lieu ?
Faux problème, dirait-on, puisque tout entre en interaction lorsque l'illusion de la linéarité temporelle vole en éclats.
Le Cycle de Dune nous démontre qu'il n'y a d'immuable que le changement :
"Il n’y a pas de secret à garder l’équilibre, il suffit de sentir les vagues"
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