Extrait gratuit de l'ebook Anges Gaïens, livre 1 : La Toile de l'Éveil
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Tous les organismes composant un écosystème vivent en symbiose.
Ils dépendent les uns des autres,
chaque maillon rompu dans la chaîne entraînant un déséquilibre
que la nature mettra du temps à résorber.
Transcrit de la Mémoire Akashique par Arkadiel de la Cité Maritime
Musique d'ambiance suggérée :
Parayer for the Earth et Lament for Atlantis de Mike Oldfield
Azulàn contemplait le corps inerte d’Arcadia, étendu à même le sol, la main toujours agrippée à la racine de l’arbre comme si elle s’accrochait encore à la vie.
Ce corps n’était plus qu’une enveloppe vide, un emballage sans contenu, rien de plus. Azulàn savait que l’Esprit d’Arcadia était vivant, ailleurs, dans une autre dimension. Pourtant il avait du mal à retenir ses larmes. Il maudissait intérieurement la bonté d’âme de son amie et son empathie trop grande qui venait de les séparer. Il en voulait aux humains, incapables de grandir par eux-mêmes à tel point que leur ignorance et leur égoïsme exigeait le sacrifice de son peuple.
Pourtant il savait qu’il ne devait éprouver ni haine ni amertume. Ce jour était un jour de fête pour les siens. Il se répéta que les cinq voyageurs qui avaient pris cette nuit leur billet pour les Enfers avaient fait don de leur vie volontairement, par amour.
La rancune se dissipa, mais pas la tristesse. Il était séparé de son âme-sœur en cette vie, et malgré son statut d’Adénien ayant admis la vanité de l’existence matérielle, il souffrait. Il y avait un abîme entre saisir le concept du détachement et réussir à l’appliquer soi-même.
Les chants se poursuivirent toute la nuit, plus mélodiques, plus beaux et plus tristes, montant de la clairière vers le ciel, accompagnant les âmes des défunts dans leur long voyage.
La fête continuait, mais Azulàn s’apercevait qu’il n’était pas le seul à être affecté par la perte d’un être cher, bien que les autres essayassent de le cacher. En dépit de leur degré d’élévation spirituelle, les habitants d’Aden demeuraient des Êtres Humains, avec leurs faiblesses. Le renoncement et la séparation demeuraient les épreuves les plus difficiles à surmonter. Après tout, les Adéniens, aussi évolués soient-ils, n’étaient pas encore totalement libérés des entraves de l’attachement.
Il était perdu dans ses pensées, quand une main se posa sur son épaule, répandant une onde étrange qui courut telle un frisson le long de son corps. C’était une sensation nouvelle, qu’il n’avait jamais éprouvé auparavant, comme une décharge électrique rafraîchissante.
Il se retourna. C’était la jeune fille prénommée Azùla, sa quasi-homonyme, qui s’était approchée et qui s’adressait à lui d’une voix très douce :
— Je sais ce que tu ressens, lui disait-elle.
— Comment le pourrais-tu ? Ton ami à toi est à tes côtés…
— J’ai vécu la même chose que toi, il y a très longtemps, dans ce qui semble être une autre vie. J’ai moi aussi perdu un être cher qui s’est sacrifié volontairement, par empathie.
— Je suis désolé…
— Ne le sois pas. J’ai souffert car je ne comprenais pas à l’époque, j’étais exactement comme toi. En fait j’en voulais à cette personne car son âme était prête à donner jusqu’à sa vie par amour, alors que j’étais incapable de prendre la même direction… et j’ai fini par me rendre compte qu’en fait c’était à moi-même que j’en voulais.
— Donner sa vie par amour… c’est inutile… rien ne devrait justifier un tel sacrifice. Regarde ce que les humains ont fait à Jésus : il donne sa vie pour transmettre un message d’amour, et eux en retour déforment son enseignement afin d’asseoir un pouvoir religieux dominateur dans le seul but de contrôler le peuple. Ils brandissent le symbole de la croix, en un vibrant hommage à l’instrument de torture qu’ils utilisèrent pour l’immoler. En son nom ils partent en croisade massacrer des milliers de gens. En son nom ils brûlent des herboristes en les accusant de sorcellerie. En son nom ils avilissent le peuple en le privant de tout enseignement scientifique, poussant la régression à tel point que la Terre va redevenir plate ! Un message d’amour récupéré afin de permettre la domination et l’exploitation économique…
— Tu as parfaitement raison, et je tenais exactement le même discours en d’autres temps. Mais ne méprise pas pour autant ceux qui font don d’eux-mêmes sous prétexte qu’ils ne peuvent en prévoir toutes les conséquences… Ils essaient de faire au mieux, et d’autres doivent poursuivre leur travail afin d’éviter les déformations de leur enseignement et rétablir la Vérité. Et c’est justement pour cela que ton amie Arcadia est partie à son tour… mais au fond de toi tu le sais déjà, sinon tu ne l’aurais pas laissée s’en aller.
C’était étrange, cette jeune fille aurait pu être une autre personnalité d’Azulàn. Elle savait toucher juste avec ses arguments, comme si elle lisait en lui… comme le faisait Arcadia. Non… en y réfléchissant, Arcadia lisait dans les émotions, alors que cette curieuse fille exposait des arguments qui se basaient sur la logique, sur quelque chose qu’il comprenait… elle ne misait pas simplement sur les sentiments.
Qui était-elle ?
Il eut à nouveau la sensation de la connaître depuis toujours. Elle lui répondit spontanément, bien qu’il n’ait pas formulé la question à haute voix :
— Je suis ta meilleure amie et ta pire ennemie, dit-elle avec un sourire énigmatique. Ce que je peux t’affirmer, c’est qu’Arcadia est toujours en vie. Et elle sera toujours avec toi, tant que tu honoreras et que tu transmettras son souvenir. Les morts vivent en nous, à travers nous. Tu t’en rendras compte à chaque fois que tu te demanderas ce qu’elle aurait fait dans telle situation, quand tu conteras une anecdote à son sujet, quand tu contempleras les étoiles… D’ailleurs tu devrais tourner ton esprit vers elle, dès maintenant. Elle a besoin de toi. Elle a peur de te perdre elle aussi, et elle t’appelle…
— Comment ça ?
— Écoute et tu l’entendras.
...
- Fin de l'extrait -
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Anges Gaïens, Livre 1 : La Toile de l’Éveil
444 pages (Poche)
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